
𝗖𝗮𝗽𝗲 𝗧𝗼𝘄𝗻 – 𝗟𝗲 𝗦𝗼𝗺𝗺𝗲𝘁 𝗔𝗡𝗖𝗔 𝟮𝟬𝟮𝟱 𝗲𝘀𝘁 𝗼𝗳𝗳𝗶𝗰𝗶𝗲𝗹𝗹𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗹𝗮𝗻𝗰𝗲́.
October 7, 2025
𝐀𝐍𝐂𝐀 𝐒𝐮𝐦𝐦𝐢𝐭 𝟐𝟎𝟐𝟓 – 𝐔𝐧𝐞 𝐩𝐫𝐞𝐦𝐢𝐞̀𝐫𝐞 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐞́𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐫𝐧𝐞́𝐞 𝐯𝐞𝐫𝐬 𝐥’𝐚𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐬𝐨𝐥𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬
October 8, 2025
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs, Distingués Invités,
Je suis très heureuse d’être ici ce matin pour partager ma conviction sur un sujet hautement important pour l’Afrique, le Gabon, mon pays et pour moi : La nature.
Je voudrais donc dire un grand merci à ANCA, FSD Africa et bien sûr à la charmante Dorothy Maseke pour cet honneur.
Permettez-moi de commencer mon intervention en vous posant une petite question : quel est le lien entre le désert du Sahara, les hauts plateaux Ethiopiens et le Nil bleu ? La réponse est toute simple : c’est la forêt du Bassin du Congo. La science nous révèle en effet que le Bassin du Congo alimente les rivières atmosphériques responsable des précipitations sur les hauts plateaux éthiopiens qui se déversent dans le Nil bleu. De même, ce sont les portions Congolaises et Gabonaises de cette forêt du Bassin du Congo qui génèrent les fleuves atmosphériques nécessaires aux précipitations dans la région beaucoup plus sèche du Sahel. Ainsi, si nous perdons cette forêt, nous assècherons le Nil Bleu, nous perdrons l’agriculture en Éthiopie, nous provoquerons la famine en Égypte et les précipitations au Sahel diminueront, favorisant son avancée vers le sud du continent. Au résultat, ce sera plus de 500 millions d’Africains qui, d’Est à l’Ouest, seront exposés à des conditions de vie plus difficile.
Aujourd’hui, cette forêt connait un taux de déforestation annuel de 650.000 ha. Pour vous permettre de mieux vous représenter ce volume, rappeler vous que 650.000 ha, c’est une portion de terre plus grande que à la ville de Brasilia, 2 fois plus grande que Cape Town où nous sommes aujourd’hui ou 4 fois plus grande que Londres.
Tout cela pour dire que la préservation de la nature n’est plus un choix, c’est une absolue nécessité. Et au Gabon, cela fait partie de notre ADN, longtemps avant que la lutte contre le réchauffement climatique ne devienne un sujet d’actualité, bien avant 1972 et la Conférence des Nations Unies sur l’environnement de Stockholm. Nos traditions ancestrales font de la forêt notre habitat naturel, notre garde-manger, notre pharmacie, notre source du savoir et nous imposent donc d’en assurer la garde pour les générations à venir.
Depuis notre indépendance en 1960, la Gabon a régulièrement traduit cette retenue envers l’exploitation commerciale de la forêt et sa biodiversité dans son corpus juridique. Cela nous a, bien sûr, permis d’obtenir des résultats extraordinaires sur la conservation de la biodiversité : 88% du territoire Gabonais est couvert par la forêt tropicale avec un taux de déforestation inférieur à 0,05%, notre façade maritime longue de plus de 800km abrite une riche faune marine, nous disposons d’une faune remarquable (augmentation de 50% de la population d’éléphants de forêt alors qu’elle a régressé de 50% sur le continent, plus de 30.000 gorilles à dos argentés…) et d’un puits de carbone inestimable….
Mais cela s’est également fait au prix de douloureux choix économiques, de pénibles renoncements au titre desquels je peux par exemple citer l’arrêt de nouveaux forages pétroliers onshore malgré la présence établie d’hydrocarbure.
Aujourd’hui, nous refusons de choisir entre développement économique et conservation. Nous devons faire cohabiter les deux. Pour que la conservation de la nature soit soutenable, elle doit répondre à une logique économique simple, forte, durable et partagée.
C’est la raison profonde de la création de l’Agence Gabonaise pour le Développement de l’Économie Verte (AGADEV) que j’ai l’honneur de diriger. Notre rôle à l’AGADEV est de créer ce modèle économique avec le secteur privé, grâce au financement international et pour le bénéfice de la forêt et des populations au premier rang desquelles il convient de mentionner les communautés locales qui conservent cette forêt.
L’AGADEV est l’aboutissement d’un processus commencé en 2009 avec l’interdiction d’exportation des grumes de bois brutes, l’obligation d’exploitation durable de notre forêt et la transformation locale de notre capital naturel pour capter plus de valeur pour notre pays. Il s’agit aujourd’hui d’aller plus loin et de construire une véritable bioéconomie reposant sur le principe de la circularité, sur la biotechnologie et la bioprospection. Notre mission se situe donc à 4 niveaux :
- Simplifier nos lois et règlementation et les mettre en conformité avec les dispositions internationales et/ou favorables aux affaires (Protocole de Nagoya, Dispositions spéciales pour l’investissement…)
- Créer les outils et interfaces nécessaires au dialogue avec le secteur privé, les organismes de financement et les communautés locales
- Identifier les opportunités d’investissement puis construire, structurer et coordonner un pipeline de projets
- Lever les financements pour les projets identifiés tant pour l’Etat que pour le secteur privé local mais aussi co-investir aux cotes de ceux qui recherche un partenaire local pour dé-risquer leurs investissements.
Mesdames et Messieurs du secteur privé à la recherche d’opportunités d’affaires, laissez-moi vous rappeler que le Gabon dispose de plus de 7.500 essences de plantes, graines, racines et d’écorces ainsi que d’un nombre important de microorganismes disséminés dans cette forêt. Notre savoir ancestral nous a révélé, pour certains d’entre eux, un usage bénéfique pour l’homme. Nous devons maintenant travailler à le porter à échelle et le vulgariser mais de façon durable. Pour les autres, nous ouvrons notre forêt à la recherche fondamentale et à la recherche appliquée pour découvrir les produits, les médicaments et les matériaux de demain.
Aux professionnels de la finance verte, nous disons « n’hésitez plus ! ». Le Gabon, pays qui a le taux de déforestation le plus bas dans le bassin du Congo, s’est structuré pour recevoir et absorber vos financements pour les infrastructures résilientes dans l’écotourisme, dans la valorisation des rebuts de bois et plus…. Nous parlons votre langage, asseyons-nous, discutons et comprenons-nous. Nous sommes créatifs et ouverts à toute structuration. D’ailleurs, il me plaît ici de rappeler que le Gabon a été le premier pays africain à restructurer sa dette avec une obligation bleue « Debt-for-nature swap » en 2023.
Mesdames et Messieurs, Distingués invités, je ne pourrais terminer mon intervention sans mentionner la fierté qui est la mienne, celle du Président de la République Gabonaise et celle de mon pays tout entier de voir la République sœur d’Afrique du Sud assurer la présidence du G20. Je voudrais donc ici reconnaitre son leadership sur les questions économiques du continent mais également sur les questions spécifiquement liées au développement de la bioéconomie. Merci de nous représenter dignement. Merci de nous accueillir ici.
Enfin, je voudrais à nouveau me tourner vers ANCA et souligner son travail incroyable pour accélérer le financement de la nature, avec notamment la mise en place prochaine du Bioeconomy Finance Hub. Merci à Dorothy et à toute son équipe pour leur dévouement à la nature en Afrique. C’est votre passion qui nous a incité à rejoindre ANCA et aujourd’hui nous sommes heureux et fiers de l’avoir fait.
Merci de m’avoir écouté et si vous ne devez retenir qu’une chose, please keep in mind that Gabon Forest is now open to sustainable business.
Thank you.”




